Exotisme et érotisme, par Jean-François STASZAK, Département de géographie, Université de Genève

Date: 08.02.2010 à 00:00

L’exotisme tient au désir de l’ailleurs. Parler d’érotisme géographique n’est pas qu’une figure de style. Parmi les charmes des contrées chaudes et lointaines que privilégie l’exotisme, les corps indigènes occupent une place centrale. Les particularités physiques du corps de l’autre, son habillement (ou plutôt l’absence de celui-ci), ses mœurs sexuelles fascinent les explorateurs et les voyageurs, et nourrissent moult remarques dans leur récit, de nature à enflammer l’imagination du lecteur, et peut-être à susciter des carrières coloniales. Sur place, le rôle de la « petite épouse » et une prostitution institutionnalisée mettent les corps indigènes à disposition des Occidentaux. En Europe, c’est sur scène, à l’occasion de spectacles exotiques dont le principal ressort est en fait érotique, que le corps étranger est offert aux spectateurs, ou tout du moins à leur regard. Le tourisme sexuel s’inscrit ainsi dans une histoire et une géographie marquée par la domination coloniale.

Abonnez-vous à notre infolettre !

Pour recevoir régulièrement des informations sur les activités de la Société de Géographie de Genève