L’Afrique du Sud postapartheid aux prises avec ses territoires, par Frédéric GIRAULT, Département de géographie, Université de Genève

Date: 14.12.2009 à 00:00

Des premières réserves coloniales dans le Zululand aux quartiers enclos et cossus de Johannesburg, l’histoire de l’Afrique du Sud s’apparente à un long enchaînement de pratiques subies ou volontaires d’enfermement territorial. L’apartheid avec ses ghettos urbains et ses bantoustans fut sans doute le système politique le plus élaboré pour organiser dans l’espace et à toutes les échelles un ordre dédié à la ségrégation et à l’exploitation. La nouvelle Afrique du sud qui s’est engagée à raccommoder la société et ses territoires, avec notamment de nouvelles municipalités et de nouvelles provinces, se heurte au poids des héritages et à des pratiques spontanées d’enfermement. Les violences à l’encontre des immigrés sont liées dorénavant aux problèmes d’inscription de l’Afrique du Sud dans la mondialisation en tant que pays émergent à la société très inégalitaire et locomotive du continent. Les vifs débats entre les communautés autour des changements de noms de lieux illustrent les tensions et les représentations attachées aux territoires sud africains mais aussi les questions d’ancrage dans la mondialisation.