Ben Wilson; Metropolis. Une histoire de la plus grande invention humaine. Passés Composés Humensis, Paris, 2024, 444 pages, 27 €

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« Aujourd’hui, 56 % de la population mondiale, soit 4,4 milliards d’habitants, vivent en ville. Cette tendance va se poursuivre : d’ici 2050, avec le doublement du nombre actuel de citadins, pratiquement sept personnes sur dix dans le monde vivront en milieu urbain. » Donnée en tête du site de la Banque Mondiale. Qu’il faut avoir à l’esprit pour aborder le magistral ouvrage de Ben Wilson, qui « (…) réussit le tour de force de se mesurer à l’immensité du sujet » – extrait de la 4e page de couverture. 

Cette immensité du sujet donne le vertige, d’autant que l’auteur, historien réputé issu d’Oxford n’a pas craint d’aborder, frontalement, justement la problématique des mégalopoles des pays du Sud, que nous évitons soigneusement lors de nos voyages « d’esthètes européens », et où s’entassent, littéralement, ces masses de populations. 

Sur 440 pages d’une écriture vivante, se lisant comme un roman, celui de l’humanité, complétées de toutes les références requises, Wilson dresse la vaste fresque de l’histoire de l’urbanisation. En 14 chapitres, de :  1. L’aube urbaine. Uruk, 4000-1900 av. J.C., à : 14. La méga-cité. Lagos, 1999-2020. La conclusion tient en quatre remarquables pages, où je relève :

(…) Notre survie en tant qu’espèce dépend du prochain chapitre qui va s’ouvrir dans notre odyssée urbaine. Cette histoire à venir ne s’écrira pas à coups de mégalopoles rutilantes. Les décideurs ne seront pas des technocrates prompts à concevoir des solutions numériques aux problèmes que nous rencontrons, ou des planificateurs urbains agissant depuis des hauteurs olympiennes. (…).

C’est, évidemment, un pavé dans la mare de nos confortables certitudes, et l’ouvrage, les constats et la thèse qu’esquissent l’auteur, à savoir l’avenir sera à « l’urbanisme brouillon », au « caractère informel des mégalopoles », relèguent aux archives les ouvrages sur lesquels les seniors d’entre-nous étions appuyés. Je pense à Mumford et « La Cité à travers l’histoire » (version française 1964), bien avant, le lyrisme de Le Corbusier, en 1924 : (…) La ville est une image puissante qui actionne l’esprit. Pourquoi la ville ne serait-elle pas, aujourd’hui encore, une source de poésie ? (…). Et même, plus récemment, les visions futuristes et quelque peu provocatrices sur « l’hyperville » de notre historien bien de chez nous, André Corboz (« Sortons enfin du labyrinthe » 2009).

Roland Meige, Tannay, juin 2024

Présentation de l’éditeur

De ses premières incarnations en Mésopotamie il y a 7 000 ans aux mégalopoles du XXIe siècle, l’histoire de la civilisation est l’histoire de la ville, source des principales révolutions politiques, sociales, commerciales, scientifiques et artistiques humaines. C’est pourquoi Ben Wilson entraine le lecteur dans un fascinant tour du monde à travers les siècles. D’Uruk à Lagos, en passant par Rome, Bagdad, Paris ou encore Los Angeles, à chaque étape, c’est une caractéristique majeure de la ville qui est mise en valeur à travers un récit vivant, riche de personnages fascinants et nourri de scènes de la vie quotidienne. Athènes et Rome sont ainsi des laboratoires politiques, Bagdad invente le commerce mondial dès le IXe siècle, les cafés de Londres voient naître la finance au XIXe tandis que Los Angeles impose le triomphe de la banlieue au XXe siècle. Par cette visite captivante de villes célèbres et oubliées, Ben Wilson raconte l’histoire glorieuse et millénaire de la plus grande invention humaine.

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