Après une décennie de discussions, le viaduc Morandi fut inauguré le 6 septembre 1967 et il s’est effondré le 14 août 2018. Pendant ces 50 dernières années Gênes a changé de visage et perdu son identité de ville du « triangle industriel » (avec Milan et Turin).
A son inauguration, le ministre Mancini avait déclaré que ce viaduc faisait honneur à l’Italie et à tous ceux qui avaient contribué à sa réalisation, en particulier l’ingénieur Morandi. Et des missions de techniciens vinrent du monde entier pour constater de visu le triomphe du savoir-faire italien.
Mais le pont surplombait des bâtiments habités et, quand les femmes protestaient, on leur répondait : « Vous ne dormez pas sous un simple viaduc, vous dormez sous une œuvre d’art ! »
En 2004, quand la ville de Gênes fut proclamée capitale européenne de la culture, elle retrouva les racines de ses anciennes splendeurs des années du siglo de oro de los genoveses (XVIe s.) dont parlait Fernand Braudel.
Ces racines sont toujours visibles dans le tissu urbain, même si l’identité n’est jamais linéaire et définissable une fois pour toutes, car soumise à des changements continuels. Le passé se mélange avec le présent et la mémoire suit l’inévitable flux du temps.
Alors pourquoi la mémoire du viaduc Morandi, pourtant récent, a-t-elle créé une identité tellement forte ?
Ce texte, les photos et le document annexé ont été produits à l’occasion de la conférence du sociologue Salvatore Vento de Gênes qui a été organisée par la Società Dante Alighieri, www.dantealighierigeneve.ch, et donnée le 4 octobre 2019 à l’Université Ouvrière de Genève.