Ce qui semble aujourd’hui une paisible localité des Alpes de Haute-Provence, avec festival latino-américain et villas dignes d’une station de cure, a donné lieu au XIXe siècle à une vague d’émigration ayant marqué le développement commercial du Mexique.
Des descendants d’agriculteurs qui colportaient à la morte saison des tissus à travers toute la France s’expatrièrent au Mexique pour faire fortune comme marchands. Au début du XIXe siècle le pays était politiquement instable; une longue dictature s’instaurera ensuite, qui lui permettra de se développer, non sans une répression terrible.
Ces Barcelonnettes, comme on va les appeler, appliquaient entre eux un code éthique et commercial très strict, entièrement orienté vers le développement du groupe. Grâce à leurs techniques de gestion ils surent monopoliser le marché et imposèrent leur suprématie commerciale dans tout le pays. Tous ne firent pas fortune, mais tous vécurent de dures privations en tentant d’y arriver.
Après la vente ambulante des débuts, nous les verrons créer la mode, faire construire des grands magasins prestigieux sur le modèle parisien, participer à haut niveau dans la banque, dominer dans les affaires, offrir avant l’heure des prestations sociales à leurs employés, créer des institutions de bienfaisance et enfin bâtir des usines occupant des milliers d’ouvriers.
Les remous sociaux du début du XXe siècle auront des conséquences qui vont entièrement changer la situation des Barcelonnettes.
Nous terminerons avec les riches villas d’architectes et de décorateurs des Mexicains – c’est leur nouveau nom – qui, avec leurs tombes, sont les dernières manifestations de leur grandeur.
Musée de la Vallée, Barcelonnette
http://www.barcelonnette.com/culture/musee.html
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