La ville fantôme de Pyramiden, au Svalbard, par Rémy VILLEMIN

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Le Svalbard, c’est aussi les anciennes villes minières de l’époque soviétique comme Pyramiden. En 1920, le traité du Svalbard accorda à la Norvège la souveraineté sur l’archipel et le droit à des activités militaires restreintes. Signé à l’origine par 9 Etats, il est aujourd’hui reconnu par plus de 40 pays qui bénéficient ainsi des mêmes droits et obligations sur les îles que l’Etat norvégien. Les grandes réserves de charbon de l’archipel attirèrent très vite l’attention de l’URSS de l’époque, très friande de cette matière première. Les Soviétiques exploitèrent donc très intensivement dès les années 1930 deux grandes zones minières : celles de Barentsburg, toujours en activité et celle de Pyramiden. 
 

Située dans le fjord Billef (Billeffjorden), en face du magnifique glacier Nordenskiöld (Nordenskiöldbreen), Pyramiden doit son nom à la haute montagne en forme de pyramide qui s’élève à proximité. C’est donc dans un cadre naturel superbe qu’a été construite la seconde colonie russe du Svalbard. Dans les années 1950, la ville compta jusqu’à 2500 résidents russes soit plus que la population actuelle de la capitale Longyearbyen. Au plus fort de la production au début des années 1990, la ville possédait 60 kilomètres de puits, 130 habitations, des exploitations agricoles, un hôtel, une piscine, une salle de spectacle et de cinéma, des écoles… tout ce qui pouvait attirer des Russes avec leurs familles et les inciter à rester dans une région peu favorable à une confortable installation humaine. Mais vers la fin de la décennie, la mine avait cessé d’être rentable et la Russie ne pouvait plus la subventionner. Pyramiden fut donc abandonnée en 1998 et laissé dans l’état tel qu’on peut le trouver actuellement : une ville fantôme dans un cadre naturel grandiose habitée par quelques personnes qui ont réhabilité une petite partie de l’hôtel et par des centaines de goélands venus nicher sur les bords des fenêtres des immeubles abandonnés. 
 

C’est sous le regard de Lénine, toujours présent dans le parc qui mène à la salle de spectacle et à la salle de sport, que nous entrons dans cette architecture soviétique des années 1970 et découvrons, comme s’ils venaient de partir, ces lieux investis pendant quelques décennies par des mineurs et leurs familles. 

Rémy VILLEMIN, Société de Géographie

Photographies de Rémy Villemin et de Carine Varcher, prises à Pyramiden au nord-est de Longyearbyen.

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