Les dinosaures sont-ils encore présents à Genève ? par Romain BRUN

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Les Archeopteryx sont-ils les premiers oiseaux ou un cul-de-sac dans l’évolution, on ne le sait pas, mais dans les années 90, des découvertes chinoises ont permis de déduire que les oiseaux sont de petits dinosaures à plumes et à queue courte: tous les autres dinosaures terrestres qui peuplaient notre contrée ont disparu sauf les volants… qui sont nos oiseaux!

Le canton de Genève (282 km2) repose sur une molasse datant de 30 millions d’années environ, c’est à dire du tertiaire. Libéré des glaces il y a 13’000 ans il fut rapidement colonisé par des humains, des quadrupèdes de tous genre et par les derniers descendants des dinosaures: les oiseaux. Ceux-ci, présents sur les lieux avant la dernière glaciation s’étaient envolés plus au sud pour survivre sous des cieux plus cléments. Ils revenaient à chaque été pour tenter leur chance et, entre autres ceux qui se nourrissent d’insectes, ont gardé cette habitude. Malgré le réchauffement climatique qui leur permettait de rester autour de la Méditerranée, certaines espèces persistent à traverser le Sahara qui s’élargit et deviendra bientôt un obstacle infranchissable pour beaucoup de petits volatiles.

Que reste-t-il comme dinosaures, pardon comme oiseaux, dans ce petit canton très densément peuplé? Plus de cent espèces y nichent et bien plus encore peuvent y être observées surtout lors des migrations printanières et automnales ainsi qu’en hivernage sur le lac et le Rhône. Impressionnant, non ?

Pour tous ceux qui veulent les observer, voici quelques endroits choisis. Tous les détails d’accès, les espèces à observer et les autres endroits intéressants que je ne cite pas seront trouvés sur le site 
www.gobg.ch 

A)  La Champagne et la réserve de Laconnex situées à l’ouest du canton sont caractérisées par des cultures céréalières avec des haies, vergers, petits bois et  gravières. Le petit gravelot et le bruant proyer en sont deux espèces caractéristiques. Le premier, d’à peine 15 cm, est trahi à l’envol, par un bref  « piu » aigu. Il vit dans des endroits dégagés, sablonneux ou caillouteux (gravières!) souvent près de l’eau et niche à terre. C’est surtout un insectivore qui nous quitte en automne pour hiverner parfois autour de la Méditerranée mais surtout au sud du Sahara.

Petit gravelot

Le second est plus sédentaire, mais il vagabonde en hiver. Il est facile à voir, car perché souvent bien en vue et émet un chant ressemblant à un trousseau de clé que l’on secoue. Par contre, il niche au sol, ce qui le rend vulnérable. Peu difficile, il mange tout ce qu’il trouve.

Bruant proyer

B)  Les Teppes de Verbois sur la rive droite du Rhône en face du Moulin-de-Vert sont un ensemble de friches arbustives, d’étangs et de gravières. On y voit de nombreux oiseaux migrateurs comme le pouillot fitis et la pie-grièche écorcheur par exemple. Le premier arrive de sa migration transsaharienne au début avril et se déplace sans arrêt dans les branchages à la recherche d’insectes. Son petit chant flûté descendant en cascade le fait repérer facilement. La pie-grièche, qui a aussi hiverné au sud du Sahara affectionne les buissons. C’est un chasseur de gros insectes mais aussi de lézards, de petits rongeurs et même d’oiseaux. Pourtant, elle ne mesure que 17 cm.

Pouillot fitis
Pie grièche écorcheur

C) Le marais de Sionnet (Choulex, Meinier) se situe sur un ancien marais, partiellement reconstitué. Le râle d’eau y niche et y reste toute l’année tandis que la bécassine des marais ne fait que passer. Ces deux espèces sont liées à la végétation palustre et restent très cachées. La présence du râle est trahie par son cri de cochon égorgé, tandis que la bécassine n’est le plus souvent vue que lorsqu’elle s’envole en zigzag à nos pieds.

Râle d’eau
Bécassine des marais

D)  Rade et Rhône: la meilleure saison est l’hiver avec tous les oiseaux d’eau qui hivernent: canards, mouettes et goélands. On assiste parfois à des rassemblements de plusieurs centaines d’individus, là où les moules abondent.

Harle huppé
Nette rousse

E) Bois de l’Allondon ou de la Versoix: ces bois parcourus par leur cours d’eau naturel hébergent de nombreux oiseaux parmi lesquels le cincle et le martin-pêcheur sont les plus typiques. Le cincle a la particularité de se nourrir de larves d’insectes, mollusques et oeufs de poissons en marchant sous l’eau, tandis que le martin-pêcheur se perche sur une branche au dessus du courant et plonge de là sur les petits poissons.

Cincle plongeur
Martin-pêcheur

Si vous souhaitez connaître les observations récentes, le site 
www.ornitho.ch 
vous indiquera où se trouve la rareté du jour.

Bien du plaisir et bonne chance !

Ouvrages de référence pour les oiseaux de Genève et d’Europe

Les oiseaux d’Europe de Lars Jonsson aux éditions Nathan: c’est un guide de terrain que l’on prend avec soi.

Dans la collection les Beautés de la nature (Delachaux et Niestlé) on trouvera l’incontournable oeuvre de Paul Géroudet.

Je recommande également l’atlas des oiseaux nicheurs du canton de Genève aux éditions Nicolas Junod.

Pour plus de photos d’oiseaux, consultez le site de Natacha Bouchareb, principalement dédié à l’avifaune genevoise et à la biodiversité en particulier:
https://www.laphotographeverte.ch/