Récits des voyages d’Albert Roussy de Genève à St-Pétersbourg et de Genève à Irkoutsk (1883), présentés par Philippe MARTIN

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Voici le témoignage d’un jeune homme très mature qui va prendre un poste de précepteur à 19 ans à Saint-Pétersbourg, puis revenir à Genève avant de traverser la Sibérie jusqu’à Irkoutsk, où il restera trois ans. Plus tard, il s’établira en Russie comme professeur, avant de revenir terminer à Genève une vie d’homme respecté.

C’est grâce aux descendants d’Albert Roussy que ces carnets manuscrits nous ont été remis pour nos archives, ainsi que, miracle, leur transcription dactylographiée par la famille en 2000 et 2001. Des lettres adressées à la Société de Géographie de Genève, dont Albert Roussy était devenu Membre correspondant, ont certainement orienté le choix de s’adresser à nous. Que cette famille soit ici vivement remerciée.

Mais avant de déposer ces documents à la Bibliothèque de Genève qui gère nos archives, nous avons tenu à en faire connaître le contenu. Vous trouverez à la suite les versions pdf des journaux dactylographiés.

Ces intéressants récits vous sont livrés de manière brute, sans notes ou commentaires, et nous invitons des historiens à effectuer une recherche complète des voyages, descriptions et rencontres d’Albert Roussy.

1 – LE VOYAGE À DRESDE ET À ST-PÉTERSBOURG, PUIS RETOUR À GENÈVE (15.4.1883 – 20.6.1883)

Albert Roussy quitte la Suisse à 19 ans pour Dresde le 15 avril 1883, pour rencontrer Wladimir de Soukatscheff qui doit l’engager comme précepteur de langue française pour ses deux enfants. Ils y séjournent jusqu’au 2 mai, puis prennent le train pour Berlin, Königsberg (Kaliningrad), Wilna (Vilnius) et enfin St-Pétersbourg. Il y reste en poste jusqu’au 14 juin, date de son retour en train par Berlin à nouveau, puis Francfort, Bâle et Genève où il arrive au 6e jour. Retour loin d’être définitif, au contraire, puisqu’il repartira moins de deux mois plus tard retrouver les Soukatscheff, mais à Irkoutsk cette fois.

Les carnets de ce voyage ne forment pas un véritable récit continu : ce sont essentiellement des notes, comme dans un agenda. Toutefois, ces bribes présentent un grand intérêt. Outre de bonnes descriptions des trajets en train, son journal est rempli de commentaires divers sur tout ce qu’il voit, qui il rencontre, ses horaires (parfois curieux), ce qui se fait, ce qu’il fait, les activités en service et hors service, les rapports avec la famille, les sorties (et qui paie quoi), ainsi que les menus de la famille (vraiment par le menu). On découvre ainsi un peu comme en filigrane le monde qui l’entoure, le mode de vie d’une petite élite, car les conditions sont bonnes et il sait les apprécier (p.13). 

2 – LE VOYAGE À IRKOUTSK (6.8.1883 – 20.9.1883)

Ce même jeune homme de 19 ans remonte dans le train, pour la Sibérie cette fois. Il va nous décrire son voyage peu commun – le Transsibérien n’existait pas encore – avec une étonnante maturité. Rien de scientifique ou de calculé dans son approche, il nous conte ce qu’il voit ou entend, sans craindre de passer rapidement d’un sujet à un autre, du pratique au culturel, sans oublier d’exprimer ses sentiments (… « regarde bien ton beau lac, me disais-je, de longtemps tu ne verras pareille chose », p. 2), et bien sûr de parler des populations locales, et il va en rencontrer ! Sur la carte de 1883 un unique pays sépare la Suisse de la Russie, l’Allemagne, qu’il quitte après Königsberg (1er voyage) et avant Varsovie (ce voyage). Il arrive donc à Varsovie et continue vers Moscou. Puis Nijni-Novgorod, où se termine la voie ferrée. « Magnifique steamer » à roues, sur la Volga pour Kazan, fonctionnant avec des « résidus de naphte » (p. 6). Puis c’est Perm, sur un autre vapeur et ensuite le train (500 km) pour Ekaterinbourg. À partir de là, il reste plus de 4000 kilomètres à parcourir, partie en tarantass, partie en bateau. Vous lirez avec qui Albert Roussy voyage, qui il rencontre (dont beaucoup d’étrangers, hasard ou recommandation), civils et prisonniers enchaînés, et son appréciation des moyens de transport, des routes et des auberges. Tiumen, Tobolsk, Sourgout, sur l’Ob, le point le plus septentrional (p. 20) de son voyage, Tomsk, Krasnoiarsk et enfin Irkoutsk, à 10’000 kilomètres de Genève, parcourus en 44 jours.

3 – EN SIBÉRIE

Ce deuxième récit reprend du journal précédent, cette fois sous forme d’article, les descriptions de la vie et des rencontres sur les parcours effectués en bateau et en tarantass. Dans les autres chapitres, Albert Roussy développe ce qu’il a appris à Irkoutsk où il est resté trois ans, nous parle de la ville, de ses environs, du lac Baïkal et des villages de Sibérie. Il nous décrit le déroulement des saisons, mais aussi les diverses populations résidentes, sans oublier les « vagabonds, émigrants, forçats, pèlerins et mendiants ».

Le texte que nous reproduisons ici a paru en dix épisodes dans le Journal de Genève, entre le 12 mai et le 27 mai 1887.

4 – QUATRE LETTRES ADRESSÉES À LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE GENÈVE
      BIOGRAPHIE D’ALBERT ROUSSY

5 – CRÉDITS ET REMERCIEMENTS

. Manuscrits autographes, plusieurs versions, 1883 et 1886 : Albert Roussy;

. Voyage de 1886: Journal de Genève, mai 1887 (12, 13, 14, 17, 18, 19, 24, 25, 26 et 27);

. Albert Roussy dans Le Journal de Genève, 130 mentions (incluant l’article publié en dix épisodes) :
https://www.letempsarchives.ch/recherche?q=%22albert+roussy%22

. Albert Roussy dans Le Globe (Société de Géographie de Genève), 75 mentions sur Persée, dont 5 articles, de 1887 à 1917 :
https://www.persee.fr/search?ta=article&q=%22Albert+Roussy%22 

. Albert Roussy à la Bibliothèque de Genève, 14 mentions :
https://slsp-unige.primo.exlibrisgroup.com/discovery/search?query=any,contains,%22albert%20roussy%22&tab=GENEVA_and_CI&search_scope=GENEVA_and_CI&vid=41SLSP_UGE:VU1&offset=0

. Manuscrits dactylographiés, carte des régions traversées, tabelle récapitulative, biographie, 2000, 2001 et 2002 : Jean-Marc Cottier;

. Présentation, numérisation et montages photographiques pour le présent article sur https://sgeo-ge.ch, 2023 : Philippe Martin;

. Copyright Société de Géographie de Genève pour le présent article sur https://sgeo-ge.ch;

. Copyright Bibliothèque de Genève pour l’ensemble des documents déposés.

La Société de Géographie de Genève et la Bibliothèque de Genève remercient pour leur dépôt la famille de Monsieur Albert Roussy, en particulier feue Madame Paulette Denis Cottier qui conservait ces documents, ainsi que Mesdames Barbara Chevallier et Anne Perréard qui nous les ont transmis.