Champel-les-Bains: l’invention d’un lieu de cure au XIXe siècle, par David RIPOLL, Département des constructions et des technologies de l’information. Office du patrimoine et des sites

Date: 10.12.2012 à 00:00

Dans les années 1870, un ancien grand domaine situé dans la périphérie de Genève voit son destin bouleversé. Après son rachat par l’avocat-poète David Moriaud, le site se caractérise désormais par un lotissement de maisons individuelles, la présence de l’industrie hôtelière, et surtout un établissement de bains en bordure de l’Arve. Associant qualités paysagères, architecturales et sanitaires, Champel-les-Bains devient un lieu réputé, inscrit dans le réseau des stations européennes dévolues à la villégiature et à l’hydrothérapie.

Dans cette mutation hydrophile et mondaine, l’eau joue naturellement un rôle de premier plan. Toutefois, ce n’est qu’après avoir transité par « palais de douches chaudes et froides » que ses effets se révèlent avantageux. Ainsi, aux eaux funestes – l’Arve est au XIXe siècle une rivière imprévisible et dangereuse – l’établissement de Champel oppose la cure bienfaisante. Ce sublime renversement durera un demi-siècle, jusqu’à ce que l’on se détourne des rives pour exploiter d’autres gisements. Les lieux, cependant, ne cesseront au XXe siècle d’attirer hôpitaux, cliniques et cabinets privés, comme si une mémoire exerçait encore souterrainement ses effets. Aujourd’hui, le périmètre de l’ancienne station est au bénéfice d’un plan de site, assurant la protection des vestiges architecturaux et paysagers liés à cette épopée balnéaire.