Dictionnaire Lévi-Strauss

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Présenté par Roland Meige

Dictionnaire Lévi-Strauss

Sous la direction de Jean-Claude Monod

Ed. Bouquins Editions, 1248 pages, prix indicatif CHF 48.-

Recension

Dans mes jeunes années, suivant les conseils – pas les injonctions, non – de Marguerite Lobsiger-Dellenbach (ci-devant MLB), j’avais lu, sommairement, « Tristes tropiques » de Claude Lévi-Strauss. C’était dans les mois précédents les premiers voyages, avec l’Architecture dominante dans mes objectifs. Il fallait bien, évidemment, ouvrir le regard, sur les sociétés, les hommes.

Pour compléter ma bibliothèque, je viens d’acquérir un volumineux (1248 pages) « Dictionnaire Lévi-Strauss », paru en 2022 dans la collection Bouquins. Une somme, à entrées multiples, qui permet tous les cheminements dans l’œuvre à facettes de ce grand chercheur : chercheur de sagesse. En quatrième de couverture, on lit cette phrase : (…) la pensée de Lévi-Strauss est animée par une quête de « sagesse » pratique visant à réformer notre civilisation et à réorienter le cours de nos sociétés. (…)

Dans le grand désordre qui se répand dans nos sociétés, qui nous laisse perplexes sur, justement, l’absence de « sagesse » face aux périls qui menacent jusqu’à la qualité de notre environnement physique, et bien il faut relire Lévi-Strauss. « Tristes tropiques » a été publié en 1955, dans la célèbre collection » Terre humaine », Plon éditeurs. Vous vous souvenez, ces volumes reliés pleine toile noire. Volume épuisé, il y a eu réimpression en 1993.

Et bien la relecture de cet ouvrage-clé de l’ethnologie moderne est parfaitement d’actualité. Les observations de terrains, en divers milieux, complétées des pertinentes déductions de Lévi-Strauss, permet de recentrer nos réflexions, d’ajuster notre regard sur les situations actuelles – et, peut-être, de se poser les bonnes questions sur nos agissements, nos errements au sein de nos sociétés et de nos environnements. 

Évidemment, pour certains, ceux qui veulent récrire l’histoire à l’éclairage des led de l’hypermodernité, qui voudraient imposer de nouvelles manières de considérer le genre humain, y compris dans ses données biologiques, tout cela est considéré comme de la littérature du passé dont il faudrait faire table rase. Et bien non, les écrits de Lévi-Strauss sont d’une revigorante modernité, et où l’humour ne manque pas : on devrait recommander ces lectures à nos jeunes, comme MLB l’avait fait à mon encontre, il y a de cela bien des décennies. 

Il faut éviter le piège « Du renoncement au monde », sous-titre de « Le Sacre des pantoufles » de Pascal Bruckner (Grasset 2022), qui a aussi commis un essai tendant au réajustement de la pensée contemporaine : « Un coupable presque parfait. La construction du bouc émissaire blanc » (Grasset 2020).

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