Ella Maillart. L’intrépide femme du globe, par Gwenaëlle Abolivier, ouvrage présenté par Roland Meige – Exposition au Musée Rath

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Une icône genevoise

Une icône genevoise, Ella Maillart, vient d’être honorée d’un ouvrage de qualité, rejoignant Nicolas Bouvier dans cette collection de beaux livres, formidablement documentés, publiés aux Éditions Paulsen, sous le titre : « Ella Maillart. L’intrépide femme du globe ».
On croyait avoir tout lu tout vu de cette étonnante voyageuse, mais cette édition nous livre encore matière à réflexion, et à admiration. A l’heure où des efforts sont entrepris, tous azimuts, pour situer à leur juste place les rôles et compétences des « personnes de genre féminin » (est-ce la bonne formulation, on ne sait plus comment s’exprimer…), Ella Maillart reste un exemple extraordinaire. Gwenaëlle Abolivier donne une belle synthèse d’un parcours de vie hors normes.

Abolivier Gwenaëlle, Ella Maillart. L’intrépide femme du globe, Paris, Editions Paulsen, 2023, 240 pages, 39.90 €

Extrait de la 4e de couverture

Le regard de la reporter et voyageuse Gwenaëlle Abolivier sur une exploratrice hors normes.

Sa jeunesse sportive annonce l’exploratrice affranchie qu’elle deviendra : à moins de 30 ans, Ella Maillart (1903-1997) a créé un club de hockey sur gazon, représenté la Suisse aux Jeux olympiques de Paris, catégorie voile, navigué en Méditerranée avec quatre amies et participé aux premiers championnats du monde de ski alpin. Puis, fuyant une Europe meurtrie par la Grande Guerre, la jeune autodidacte fait ses humanités sur la route, choisit la voie de l’Asie, épouse le mode d’existence des nomades qui la fascinent et s’intéresse de près aux philosophies orientales.
« J’ai des yeux qui aiment voir » : sa vie durant, l’aventurière a nourri un rapport documentaire au réel. Reporter de terrain, son regard de photographe s’est posé sur les populations locales avec un souci ethnographique. Elle a capturé avec talent et sensibilité un monde en train de basculer et de disparaître pour mieux en témoigner.
Le récit de ses aventures, en grande partie illustrées par ses propres photographies, dont de nombreux inédits, est nourri d’extraits de ses correspondances et de ses carnets.

L’auteure
Gwenaëlle Abolivier est directrice artistique et littéraire, autrice associée à la Maison Julien Gracq. Après vingt ans à France Inter en tant que grand reporter et productrice d’émissions radiophoniques, elle privilégie aujourd’hui l’écriture littéraire et poétique. Elle a publié Vertige du Transsibérien (Naïve, 2015), Tu m’avais dit Ouessant (Le mot et le reste 2019), Marche en plein ciel (Le mot et le reste, 2022), La Forme du fleuve (Le mot et le reste, 2023). Elle écrit également des histoires illustrées pour la jeunesse (Hongfei, Rue des Écoles, Rouergue) et des scénarii pour romans graphiques (Soleil, Delcourt).

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L’ouvrage est très abondamment doté en illustrations, souvent originales, des extraits de carnets de voyages, des photographies inédites, des reproductions d’articles de presse ; un travail considérable de recherche, auprès évidemment de la fondation Succession Ella Maillart, et pour la photographie, du Fonds Ella Maillart de Photo Elysée.

Ella Maillart voyagea essentiellement en solitaire, mais parfois en compagnie de personnages tout aussi hors du commun, et dans des relations souvent compliquées. La lecture, en voyage, faisait partie de son modus vivendi.

Avec Peter Fleming.

Page 164 -165: « Quand elle s’élance avec Peter Fleming pour la traversée de la province interdite du Sinkiang, Ella glisse dans son sac un recueil de poésie de Paul Valéry. Plus tard, en 1938, celui-ci y ajoutera la dédicace « À Ella Maillart, la femme du globe, le poète qui l’entrevit ». Photo extraite de l’ouvrage.

Avec Anne-Marie Schwarzenbach.

Page 194 -195, Genève, devant le BIT: « C’est à bord de la nouvelle Ford V8 qu’Anne-Marie s’est vue offerte par son père qu’elles comptent voyager. Les deux femmes veulent s’éloigner de l’Europe, qui est sur le point de s’enflammer, et ont en commun le rêve de l’Iran et de l’Afghanistan. » Photo extraite de l’ouvrage.

Ella Maillart, fut, parmi ses diverses compétences célébrées (Prix Schiller 1953, Médaille et Prix Sykes Royal Society for Asian Affairs Londres 1955, Prix et Médaille Société de Géographie Paris 1994) une excellente photographe, reconnue comme telle, internationalement.

En France, quatre villes ont une rue Ella-Maillart, dont Toulouse, Vannes ; à Genève une école, une crèche, lui sont dédiées – et une impasse.

Aux confins est du Kirghizstan, à Karakol – à cent cinquante kilomètres de la frontière chinoise – au « Musée historique des études régionales », une exposition a été montée en 2016 autour de l’expédition d’Ella Maillart dans les Pamir en 1932. Une salle est dorénavant consacrée à cette exploration, avec des agrandissements photographiques de grande qualité réalisés par Photo Elysée.

De retour d’une tentative d’approche de l’Engilchek Glacier et du Merbacher Lake, les jambes lourdes, nous visitions en 2018, avec une certaine émotion.

Karakol, Kirghizstan. Le bâtiment du Musée historique des études régionales (Photo R. Meige)
La Salle Ella Maillart (Photo R. Meige)
La plaquette de l’exposition de 2016 (Photo R. Meige)

Exposition Ella Maillart au Musée Rath, du 7 décembre 2023 au 21 avril 2024

https://www.mahmah.ch/programme/expositions/ella-maillart

À travers une sélection de photographies, d’articles, d’ouvrages et de documents, cette exposition propose de redécouvrir le parcours exceptionnel d’Ella Maillart. Sportive, voyageuse, conférencière et journaliste, elle n’a cessé de défendre sa vision d’« unité du monde ».
Bien plus qu’un hommage et loin des commémorations nostalgiques, cette exposition a aussi pour ambition de créer de nouveaux dialogues intergénérationnels et d’envisager l’humain dans sa complexité individuelle autant que collective.
Anne-Julie Raccoursier et Pauline Julier, deux artistes aux personnalités bien distinctes, relèvent le défi : grandes voyageuses elles-mêmes, leurs démarches, oscillant entre réalité et fiction, déconstruisent à leur tour les clichés.

Consultez les autres références « Maillart » et « Meige » avec la Fonction de recherche.