Gros de Beler, Aude; Jean-Claude Golvin, illustrateur; L’Antiquité retrouvée; Arles, Actes Sud, Errance & Picard, 2023, 272 pages, 35 €
Un Artisan dans la géographie
Alors que l’AI ( Artificial Intelligence : sic) gagne chaque heure du terrain, que nous avons affaire dans les communications de plus en plus souvent à des algorythmes, des répondeurs automatiques, que des mathématiciens remplacent les cartographes (l’auteur de la pertinente remarque se reconnaîtra), il est salutaire de pouvoir se confronter à un formidable travail artisanal dans sa facture, mais de haute intelligence et sensibilité humaine dans son approche : les dessins de restitutions des Antiquités de Jean-Claude Golvin.
Si je dis « dans la géographie », c’est bien parce que Golvin, architecte, urbaniste et archéologue, docteur en histoire, a une vision large de l’environnement des grandes époques de l’antiquité, et qu’il replace, restitue – le mot qu’il privilégie – les grands ensembles monumentaux, et pas seulement les édifices emblématiques, dans leurs environnement. Allant, par exemple, jusqu’à la « restitution », donc, de la vallée du Nil, ponctuée des ensembles construits qu’il traite, ailleurs, dans le détail.
Dans un compte-rendu d’une exposition au Musée romain de Nyon, posté sur le site de la Société de Géographie de Genève le 28.05.2023, j’évoquais le travail, compliqué, spectaculaire certes, mais laborieux, représentant des centaines d’heures de travail sur ordinateurs, d’une « recomposition » du Temple de Bel, à Palmyre, et finalement assez sèche, désincarnée. De mon côté, je livrais une photographie issue, misérablement, d’un diapositif 24×36 mm pris au Leica (dans ces circonstances, à chaque fois, j’avais un peu honte de faire si vite si sommairement, je pensais à Henri Stierlin, qui a parcouru, au XXe siècle, les grands sites du Moyen-Orient avec une chambre Linhof 13×18 cm…).
Eh bien, Golvin, Palmyre, il l’a traitée sous divers angles, au crayon et à l’aquarelle, sur de grandes planches, et dans des angles de perspectives extrêmement parlants. Dont je n’ai d’ailleurs pas réussi à reconstituer la base géométrique : on est dans la méthode de la perspective à plusieurs points de fuites, comme Canaletto, enrichie de quelques libertés que se permet Golvin, de par sa grande sensibilité artistique.
Il vaut la peine de lire intégralement l’introduction de l’auteur dans l’album « Jean-Claude Golvin. L’Antiquité retrouvée. Errance & Piccard. Paris. 2023. » Comme il est très intéressant de voir la vidéo produite par CNRS Images (https://images.cnrs.fr/video/1816) interview et coups d’œil sur le « coup de patte » de ce grand personnage. C’est enthousiasmant, et rassurant : le génie humain a encore son mot à dire !
Golvin est prolixe, il existe d’autres albums que celui objet de cette recension, mon libraire virtuel (dont je ne citerai pas la raison sociale) m’en propose régulièrement d’autres.
Roland Meige, Tannay, 25 mai 2024
Ci-dessous, lien vers trois intéressantes vidéos sur Jean-Claude Golvin et son travail de dessinateur.
https://images.cnrs.fr/video/1816
Présentation de l’éditeur
Les sites les plus célèbres de l’Antiquité reprennent ici vie et forme : ils sont représentés par Jean-Claude Golvin à travers autant d’aquarelles. Plus de cent trente restitutions se répartissent ainsi sur trente siècles, de 2500 av. J.-C. jusqu’au Ve siècle de notre ère. Chaque image représente une synthèse de milliers d’informations, parfois le résultat d’un siècle de fouilles.
Retrouver l’architecture antique est un défi. Jean-Claude Golvin y parvient en rendant visible ce qui ne l’est plus grâce à un immense talent de dessinateur allié à une profonde connaissance de l’archéologie et de l’architecture.