Le nécrotourisme: Du recueillement au spectacle, par Rafael MATOS-WASEM, Ecole Suisse de Tourisme

Date: 12.03.2012 à 00:00

La mort a de tout temps intéressé l’Homme. Toutes les cultures, tous les moments historiques ont jeté un certain regard sur la finitude et l’au-delà. Depuis la nuit des temps, les cimetières et les monuments funéraires ont constitué des lieux de mémoire et de recueillement, mais aussi des lieux de pèlerinage, phénomène qui préfigure le tourisme moderne, dont les prémices sont à situer au tournant du XIXe siècle. La visite des ruines et des nécropoles fait partie du voyage romantique. Cet intérêt persiste indéniablement de nos jours.

La nécrotourisme ne s’arrête pas là. L’intérêt des visiteurs porte également sur d’autres dimensions liées à la mort, dont le degré de morbidité peut être autrement plus élevé. Ce que l’on appelle aussi thanatourisme regroupe la visite de lieux liés à des catastrophes, à des guerres ou à bien d’autres événements tragiques. Quoiqu’il ne s’agisse pas de quelque chose de foncièrement nouveau, ces lieux et ces événements sont de plus en plus mis en scène par les acteurs touristiques, le but étant d’accroître l’attractivité des destinations et de générer des rentrées financières. Le cyberespace constitue l’étape la plus récente de cette quête d’apprivoisement de la mort, de recherche d’infini et de manne économique.

Cette conférence a pour but de retracer, à l’aide d’exemples richement illustrés, l’évolution de l’intérêt que le tourisme porte à toutes les facettes de la mort. Du recueillement au spectacle, de la mémoire à la marchandisation, ce qui peut soulever des considérations éthiques.