OUVRAGES PRÉSENTÉS EN 2020

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Nous voilà avec une nouvelle narratrice dans la veine des grands, comme l’Américain Paul Theroux, l’Anglais Colin Thubron, l’Espagnol Javier Reverte, l’Italien Paolo Rumiz, Sylvain Tesson, Cédric Gras et les frères Rolin pour la francophonie ainsi que Lieve Joris pour la Belgique néerlandophone, tous ces auteurs dont les pages alternent avec une facilité déconcertante entre les dialogues sur les petites histoires éclairantes de gens rencontrés en route et la Grande Histoire pour mettre un cadre au récit et nous rappeler ce que nous ne devrions pas avoir oublié.

Erika Fatland suit donc par l’extérieur la frontière de l’ex-URSS et nous montre ce qu’elle a sous les yeux, ainsi que l’influence du grand voisin dans les pays qu’elle traverse. Son séjour en Corée du Nord, bien que réalisé en simple touriste est très éclairant. Mais là où elle excelle, c’est à nous expliquer les 15, si je compte bien, pays, régions sécessionnistes ou non, enclaves, exclaves et autres territoires du Caucase, carte très claire à l’appui, et surtout à nous rendre compréhensible la position de chacun. Même chose encore pour la région qui va de l’Ukraine à la Finlande où le va-et-vient des invasions, annexions et déplacements de frontières se sont succédés depuis des siècles.

Ph. Martin

ARTICLE DE 1958 SUR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE GENÈVE, PUBLIÉ DANS LE JOURNAL DE GENÈVE

Alpinistes de Staline, de Cédric GRAS

Si Cédric Gras s’est décidé à raconter la vie des frères Abalakov, deux alpinistes russes des plus héroïques de leur génération, c’est après avoir découvert qu’ils avaient été victimes des purges staliniennes. Comment Staline a-t-il pu faire arrêter ces figures glorieuses, chargées de porter le marxisme au plus haut des sommets ?
Orphelins sibériens, ils pratiquent l’escalade avant de devenir des alpinistes aguerris. Entre Caucase et Asie centrale, ils multiplient les expéditions jusqu’à gravir, dans les années 1930, les vertigineux pic Staline et pic Lénine, au nom du pouvoir. Dans ce monde où l’alpinisme était dicté par l’idéologie d’un monde nouveau, la conquête de territoires et la guerre, Vitali Abalakov sera pourtant victime de la Grande Terreur et des purges en 1938. Libéré et amputé de nombreuses phalanges suite à une tempête en altitude, il reprendra le chemin des cimes et reviendra au plus haut niveau. Son frère Evgueni sera lui retrouvé mort en 1948. Il préparait une ascension à l’Everest.

Russophone et familier de l’Eurasie, Cédric Gras a enquêté, des archives du KGB au pic Lénine, pour reconstituer le destin exceptionnel et dramatique de ces deux frères indissociables puis désunis, mais qui ont traversé le siècle rouge en rêvant de conquérir l’Everest au nom de l’URSS.

Le 5 décembre 2020, Cédric Gras a reçu le Prix du Livre Albert-Londres pour Alpinistes de Staline (éditions Stock).

Un rédacteur en chef avait reproché à Albert Londres d’avoir introduit le microbe de la littérature dans le journalisme. C’est avec le même compliment que le jury attribue son prix 2020 à Cédric Gras (38 ans), russophone, qui a enquêté des archives du KGB au sommet du Pic Lénine sur le destin des frères Abalakov. Ils étaient certes de célèbres alpinistes russes, mais la mise à jour de la suite de leur histoire, comme victimes de la terreur stalinienne, est une première.

https://www.scam.fr/PrixAlbertLondres/Actualit%C3%A9s/Article/ArticleId/6731/Prix-Albert-Londres-2020

LIEN VERS LE DESCRIPTIF

http://www.olizane.ch

Sous la plume sensible d’un véritable écrivain, voici les explorations et la vie de Vitus Bering (1681-1741), ce Danois qui, pour le compte de la cour de Russie, explora et cartographia l’extrême-orient russe, avant de s’enquérir des côtes de l’Amérique. Il quitta Saint-Pétersbourg et parcourut ainsi deux allers-retours par voie terrestre (pour un marin !) à travers la Sibérie et l’extrême-orient. Mer d’Okhotsk, Magadan, fleuve Kolyma, Kamtchatka, c’était avant le goulag, mais tout aussi atroce « Bering indiqua qu’il n’avait pas de vocabulaire pour décrire l’extrême difficulté de leur route » (p. 69).

L’auteur est très documenté et pourtant son récit n’est en rien factuel, bien au contraire, c’est un ouvrage d’immersion, une description toute impressionniste. On suit Bering dans sa vie de famille, ses sentiments et l’on danse avec lui sur des vagues trop hautes pour être supportables.

Ph. Martin

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