Femmes voyageuses

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Comparaison n’est pas raison, mais j’ai sur ma table deux ouvrages, qui tout d’abord se distinguent par leur format carré, celui qui permet toutes les audaces de mise en page.
Et puis parce que ce sont des « femmes voyageuses » qui en sont les auteures ou le sujet.
Tout d’abord, l’élégante et sobre plaquette « Momenti himalayani – Moments himalayens », de Edvige Dell’Ambrogio-Lafranchi et Ruggero Crivelli. Nous avions déjà eu un bel aperçu des talents d’Edvige Dell’Ambrogio dans son article « Himalaya : Carnets de route », publié sur le site de la Société de Géographie de Genève le 13 juillet 2020 – https://sgeo-ge.ch/himalaya- carnets-de-route-par-edvige-dellambrogio-2/
Dans cet ouvrage, nous en voyons davantage, avec ses « Histoires racontées et dessinées », pleines de justesse et de sensibilité. Crayon, lavis, aquarelle, l’auteure est à l’aise avec ces moyens si anciens, tout autant que de maîtrise difficile. Ses « histoires » autour des enfants sont particulièrement attachantes, les attitudes si bien croquées. Lorsque l’on parcourt les raides sentiers de ces contrées, on voit tout d’abord ces gamins, trapus, le visage pomme d’api, vêtus de haillons, qui courent dans les raccourcis des venelles de leurs modestes villages. Alors que nous, touristes harnachés des derniers équipements, bien nourris, nous peinons souvent à calmer notre rythme cardiaque et à retrouver le souffle.
Pour sa part, Ruggero Crivelli encadre ce beau travail par un retour sur les réflexions de deux noms qui ont participé à notre éducation géographique, Elisée Reclus, le point de vue de la « Géographie universelle », et celui, plus local, de Marguerite Lobsiger-Dellenbach, ethnologue, qui fut directrice du Musée d’ethnographie de Genève. Et, pour nous, de son cousinage, une initiatrice à l’art du Voyage.
Les auteurs nous font aussi le plaisir d’une édition bilingue italien-français textes originaux en italien. Démarche bienvenue, nous incitant à entretenir notre troisième langue nationale, alors que l’anglais, au pire le globish, devient envahissant.

Autre ouvrage « carré » d’aspect mais polyforme dans son contenu, l’album « Alexandra David-Néel. Cent ans d’aventure. Éditions Paulsen. Paris, 2018 » Nous avons tous lu, parfois d’un regard sceptique, les récits des aventures souvent rocambolesques de cette forte personnalité, parcourant, elle aussi, les sentes menant au mythique Tibet. L’ouvrage dans le format de 23 x 23 cm offre un texte vivant de la voyageuse et réalisatrice Jeanne Mascolo de Filippis, et, surtout, qualité première de cette collection, une formidable iconographie, comportant beaucoup d’inédits.
A l’heure où l’on est tous devenus, pour certains « à l’insu de leur plein gré », des accros à l’image sous toutes ses formes, la formule du grand reportage imprimé est bienvenue.

Roland Meige, 8.12.2021